Les nouveaux rythmes scolaires critiqués par des parents d’élèves

Les nouveaux rythmes scolaires critiqués par des parents d’élèves

Publié le : 30 octobre 20233 mins de lecture

MONTFERMEIL (93) – A chaque réforme ses effets secondaires. Une association de parents d’élèves d’une école primaire de la cité des Bosquets à Montfermeil monte au créneau contre les nouveaux rythmes scolaires, qu’ils jugent inconciliables avec l’économie sous-terrain à laquelle participent leurs enfants après l’école. Rencontre.

Courriers à l’Education Nationale, pancartes et banderoles, tracts dans les boites aux lettre ou incendies de véhicules sur le parking de l’école : Ces parents mécontents ne reculent devant rien dans leur lutte contre les nouveaux rythmes scolaires, en vigueur depuis la rentrée. Leur grief numéro 1 : l’étalement des heures de présence à l’école dans la semaine, qui rend leurs enfants moins disponibles pour leur « deuxième partie de journée ». Autre reproche, le passage de 144 à 180 jours de classe par an retire aux enfants beaucoup de journées pleines, habituellement dédiées à de longues tâches de « fractionnement et conditionnement de marchandise ».

« Ca tue le nessbi ! »

Laura, 27 ans et Moussa, 32 ans, sont les parents du petit Willem, 11 ans, actuellement en CM1 à l’école Saint-Exupéry de la cité des Bosquets. Depuis la rentrée, le nouvel emploi du temps de Willem a chamboulé le fragile équilibre financier de la famille : « Après l’école Will fait le chouf [guetteur, ndlr]. C’est un des meilleurs de la tessi. Il ramène facile un violet par jour [un billet de 500€, ndlr]. Mais ses nouveaux horaires à l’école, ça tue le nessbi [le business, ndlr] » nous confiait Moussa, dont la maigre paye de bibliothécaire ne suffit pas à nourrir toute la famille.

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Lutèce va à l’école le samedi matin, jour du « marché »

Johnny élève seule sa fille Lutèce, 9 ans, en CM2 à la même école. Depuis que Johnny, au chômage depuis 6 ans, s’est séparé de la mère de Lutèce en 2009, les fins de mois sont parfois difficile à boucler, surtout depuis que Lutèce va à l’école le samedi matin, jour du « marché » dans la cité des Bosquets. « L’année dernière je pouvais aider papa à contrôler la marchandise. Son faible odorat ne lui permet pas d’évaluer la pureté du produit. Je l’aidais aussi pour la comptabilité car il n’est pas très fort en maths. Depuis que je vais en classe le samedi, il fait le marché tout seul et il se fait souvent avoir. Mais je pense que c’est mieux que je réussisse à l’école. C’est difficile aujourd’hui mais plus tard, quand j’aurais un travail bien rémunéré, je pourrais subvenir durablement aux besoins de notre famille » déclarait avec un recul déconcertant pour son âge la petite Lutèce, la meilleure élève de sa classe.

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